L’œuvre

Le Voyage de MM. Dunanan père et fils fut créé en 1862 aux Bouffes-Parisiens, le théâtre fondé en 1855 par Offenbach pour y monter ses œuvres et où Orphée aux Enfers, notamment, avait triomphé en 1858. Le livret, burlesque et absurde, met en scène un père et son fils quittant pour la première fois leur Auvergne natale pour se rendre à Venise, où le jeune Patrocle Dunanan doit prendre pour femme la signora Paola Dutibia. Mais ils vont trouver sur leur route un trio d’aigrefins qui, exploitant leur naïveté, vont les conduire à Paris… tout en leur faisant croire qu’ils sont à Venise. Il s’agit en effet de faire épouser au jeune Dunanan, en lieu et place de Paola, une certaine Paméla, modiste parisienne, à qui son ex-amant a promis de lui trouver un époux de remplacement ! Promenades sur un Grand Canal improbable, sérénades improvisées, carnaval de fortune… Tout sera bon pour faire passer Paris pour Venise, et Paméla pour Paola ! Les personnages et les situations semblent tout droit sortis d’une des farces qu’Eugène Labiche écrivait à l’époque pour le théâtre du Palais-Royal, et les deux librettistes peuvent se mesurer à lui pour la fantaisie et l’esprit du dialogue. Offenbach compose pour cette pièce loufoque la musique endiablée qu’on attend de lui, sans négliger la couleur locale pseudo-vénitienne dans la barcarolle « Venezia la bella » ou la séduisante Sérénade des guitares, ni la virtuosité vocale avec la périlleuse valse-mazurke « La Perle de l’Adriatique », chantée au 2e acte par la volcanique Paméla.